Journal d'Investigation – Entrée n°2607 Document Volé
Je travaille en interne pour Flos en tant que journaliste, bénéficiant d’un accès privilégié aux zones sensibles.
Derrière mon badge public se cache également mon rôle de détective privé, mandaté pour surveiller nos deux sujets les plus énigmatiques, Erreur et Ange.
Je consigne ici mes découvertes dans un journal strictement confidentiel, sachant pertinemment qu'au sein d'une entreprise aussi rigoureuse – forte de plus de 4000 agents en surveillance répartis dans la galaxie et de 7 280 621 hôpitaux – toute erreur de jugement est impardonnable.
Aujourd'hui, en fouillant discrètement près du bureau principal du Docteur Xzaria, j’ai mis la main sur une note apparemment abandonnée.
À première vue, elle se présente comme un simple fragment littéraire inspiré par Victor Hugo, mais ses mots trahissent une confession plus personnelle :
"< On passe une moitié de sa vie à attendre ce qu'on aimera
et l'autre moitié à quitter ce qu'on aime. >
Des mots de Victor Hugo dans le livre Tas de Pierres.
C'était étrange, n'est-ce pas ?
Une moitié de ta vie à attendre l'inconnu,
ce quelqu'un qui pourrait tout changer,
et l'autre à dire adieu à ceux qui ont compté.
Tu navigues entre deux absences :
Celle d'un futur que tu espères et celle d'un passé qui t'échappe.
Tu passes des années à chercher, à croire que l'amour,
c'est un port où accoster.
Et tu réalises que c'est surtout une traversée,
souvent tumultueuse, parfois douce, mais jamais sans fin.
Tu t'attardes sur des visages, des promesses,
en sachant quelque part au fond que tout ça est temporaire,
et pourtant, tu t'y accroches.
Une représentation de l'amour serait donc une tension perpétuelle
entre l'éphémère et l'éternité.
Une empreinte qui reste en nous,
même quand les mains se lâchent et que les regards s'effacent.
Alors on apprend à aimer malgré tout, à travers ce mouvement,
à trouver dans chaque adieu un écho de ce qu'on a vécu.
C'est oser perdre, encore et encore."
En surface, Flos incarne l’excellence : un système où chaque intervention atteint un taux d’erreur quasi nul (de l’ordre de 0,0001 %) et où chaque procédure est minutieusement surveillée.
Pourtant, derrière cette apparence de perfection se cache une réalité plus complexe.
Mon enquête, menée sous couvert de mes fonctions officielles, m’a conduit à observer l’opération Ndro, un projet qui tente de concilier une rigueur scientifique implacable avec des dimensions profondément humaines.
Ange, avec sa présence apaisante, semble représenter une tentative de réconciliation avec un passé douloureux.
Erreur, quant à elle, arbore une apparence marquée par un pelage noir orné de motifs fluorescents violets et roses, et divers piercings, autant de signes qui témoignent d'une souffrance silencieuse.
Lors d'une surveillance particulièrement attentive, j’ai observé une rencontre discrète entre ces deux entités, marquée par l’échange des surnoms « whY » et « shY ».
Ce bref instant confirme que, malgré la perfection apparente de Flos, des expérimentations controversées sont menées.
L’opération Ndro, techniquement remarquable, soulève néanmoins d’importantes questions d’ordre moral.
Le Docteur Xzaria a franchi une limite en quête de transcender la vie, en mettant en œuvre une procédure dont l’impact sur ces deux entités sensibles reste discutable.
Si l'initiative ndro détient indéniablement un potentiel pour transformer notre compréhension de l'existence, je ne peux ignorer le prix humain que cette audace implique.
Paradoxalement, alors que je m'efforce d'opérer en toute discrétion, je ne peux m'empêcher de me demander comment personne n'a encore détecté mes déplacements.
Au début, ma démarche prudente me paraissait suffisante.
Mais la vigilance accrue des systèmes de sécurité m'incite désormais à redoubler de précautions, et je ressens une forme de paranoïa qui ne cesse de grandir.
Chaque mouvement devient un calcul minutieux pour éviter tout soupçon.
La dualité de mes fonctions – journaliste en apparence, détective privé dans l'ombre – m'oblige à avancer en permanence dans le secret, conscient que la moindre erreur pourrait être fatale.
L’opération Ndro, dans toute son ampleur, pourrait bien remettre en question les fondements mêmes de Flos, mais pour l'instant, ces découvertes restent pour moi.